Les bonus des "traders"

Il est atterrant de voir que le niveau des bonus des "traders" dépasse aujourd'hui à nouveau celui, déjà scandaleux, qui était le leur avant la crise financière qu'ils avaient largement contribué à provoquer.

L'une des forces du capitalisme est sa capacité à intégrer toutes les tendances, y compris les oppositions radicales. Les "bobos" en sont une illustration : l'écologie ou le social sont à leur tour devenus des labels, des éléments immatériels source de profits financiers pour qui savent les vendre.

Une autre force du capitalisme est son caractère pragmatique et "naturel" : rien ne peut arrêter la montée des prix, pas même un édit impérial menaçant de mort les contrevenants, car elle correspond au rapport entre offre et demande. Le capitalisme est durable, plus que le communisme, car il correspond à une forme de vérité.

Mais dans le cas de la spéculation financière et de l'auto-rémunération des agents financiers, on sort du champ de la vérité. Des salaires et bonus faramineux ne correspondent en rien à une compétence, à un travail ou à une responsabilité. Ces rémunérations excessives relèvent davantage du parasitisme voire du chantage mafieux. S'il est toléré que dans une usine de bonbons les ouvriers se servent au passage, doit-il en être de même pour la circulation de l'argent ?

En outre, la vox populi comme les intentions déclarées des hommes politiques de tous pays, notamment lors de tonitruantes affirmations faites dans le cadre du "G-20", ont clairement indiqué que cela devait cesser. Et pourtant, la corporation des traders a continué. Elle n'a pas été pragmatique ni intégratrice des oppositions. Elle a été purement égoïste, aveugle quant à ses propres erreurs et arrogante.

On peut croire que cette attitude n'est pas viable et que le scandale cessera. Sinon, le réveil risque d'être aussi brutal que lors de la nuit du 4 août 1789.