Monothéisme, germe d'intolérance ?

Publié le par cassiano

On entend à l'occasion que le monothéisme (juif, chrétien ou musulman) serait en soi, sur le plan politique et social, la source d'une intolérance systémique, voire de violences liées à son exclusivisme religieux. Au contraire, le polythéisme ou l'athéisme offriraient la place à toutes les "différences", dans un monde harmonieux car relativiste.

 

Généralement, les tenants de ces thèses sortent les exemples du djihad, de l'Inquisition ou plus rarement, dans la Bible, d'Elie massacrant les faux prophètes de Baal. Les contre-exemples ne manquent pas. Au XXe siècle, les génocides et massacres les plus effroyables de l'histoire humaine ont eu pour auteur Mao, Staline, Hitler et Pol Pot, qui n'étaient pas, que je sache, des adeptes d'une religion monothéiste.

 

Le polythéisme n'est pas singulièrement non-violent, que ce soit lors des grandes persécutions romaines - historiquement, le premier cas de discrimination violente fondé sur la religion - ou encore dans la société indienne contemporaine, où l'on voit musulmans et chrétiens être les victimes de nationalistes hindous.

 

Quid d'une philosophie religieuse comme le bouddhisme ? On pense au sourire du Dalaï Lama, mais on peut aussi identifier des formes nationalistes, militaristes et violentes de régimes politiques se réclamant du bouddhisme - ainsi, au Sri Lanka ou en Birmanie.

 

La laïcité, le sécularisme non-athée serait-il le meilleur cadre pour une société tolérante et non violente ? Il suffit de songer au génocide arménien, commis par les nationalistes turcs "laïcs" pour voir que cette vision-là n'est pas non plus un idéal.

 

Hormis des formes d'organisations intrinsèquement violentes, comme le talibanisme, le nazisme ou le stalinisme, on peut légitimement penser que la plupart des cultures, religions et systèmes politiques peuvent aussi bien, au gré des circonstances, des sensibilités, de l'éducation de ses sujets, contribuer à la tolérance et à la paix ou bien être utilisées comme facteurs de violence. On pourra parler d'abus ou de perversion lorsque les méthodes utilisées contredisent les principes fondateurs de ces systèmes de pensée - qu'il s'agisse des droits de l'homme ou des Béatitudes.

 

Ce sont les religions abrahamiques qui, les premières, ont étroitement uni l'éthique au religieux et donc défini la vie humaine et la conscience comme "sacrées". C'est faire un mauvais procès aux "monothéismes" que d'y voir des germes d'intolérance.

Publié dans Culture et religion

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