Parlez-vous franglais ou do you still speak french ?

Publié le par cassiano

En 1964, René Etiemble dénonçait l’envahissante contamination de l’anglais dont était victime langue française : les attaques visibles et plus insidieuses, avec des ennemis extérieurs et intérieurs. Le tout, alimenté par un snobisme bête et alimentant un recul de la culture.

 

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Certaines lois intelligentes ont été mises en œuvre, comme celle qui force à traduire, moyennant un astérisque, les expressions anglaises utilisées dans la publicité. Une très bonne chose, qui inverse les complexes et le sentiment du ridicule : le non-anglophone ne se sent pas dépassé, et tout le public peut constater l’inanité du « slogan » ainsi démythifié de son aura exotique ou technologique.

 

Certains mots ridicules ont disparu comme ils sont nés. Plus personne ne parle du « freezer » ou du « computer ». Des termes comme « informatique » se sont enracinés et sont même passés dans d’autres langues… y compris l’anglais.

 

Mais un reliquat visible ou sournois des années d’après-guerre demeure. On continue de dire « c’est pratiquement la même chose », en donnant à « pratiquement » le sens de « presque » (practically) et non celui du contraire de « théoriquement ». Le week-end est un acquis social et linguistique difficile à éradiquer. Il y a aussi des surgeons, aussi ridicules que leurs aînés. On parler d’ « implémenter » un plan de mesures pour que nos rues redeviennent « sécures » et l’on s’abreuve d’indigestes smoothies, comme le font les people.

 

On aurait pu espérer que l’approfondissement de la construction européenne aurait freiné l’invasion : il n’en n’est rien, au contraire même. Nonobstant le freinage voire le sabotage historique du seul pays historiquement anglophone de l’Union (le Royaume-Uni ; l’Irlande, Malte et Chypre ne sont culturellement que ses colonies), la langue de cette minorité s’impose insolemment dans les travaux de l’administration bruxelloise.

 

On aurait pu espérer que la calamiteuse présidence étasunienne de George W. Bush aurait utilement servi de repoussoir contre les anglomanes, avec des « freedom fries » et autres attaques contre l’ « old Europe » sans parler de victimes traitées de manière plus brutales. Il n’en a presque rien été, et pour comble de malheur, l’Italie et la France étaient bientôt dirigées par des hommes atlantistes à l’extrême… et doués d’autant d’inculture et de plus de mauvais goût encore que Bush junior.

 

Il faut rester vigilant, relire « Parlez-vos franglais ? » d’Etiemble et peut-être le récrire pour le diffuser !

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